Après vous avoir parlé de mon dernier coup de coeur de 2016, il était assez logique d’enchaîner sur… le premier coup de coeur de 2017! C’est grâce à la blogosphère (merci à vous) que j’ai découvert le premier roman de Christelle Dabos. Malgré les avis dithyrambiques, ou peut-être à cause d’eux, j’ai hésité un certain temps avant de l’acheter. Peur d’être déçue. Peur d’une histoire qui sente le réchauffé. Peur d’une écriture trop orientée ados, l’ouvrage ayant été initialement publié dans une collection jeunesse. Et puis… le froid, la période des fêtes et le stress de la fin d’année m’ont donné envie d’une lecture captivante, mais ni trop exigeante ni trop sombre. Soudain, Les Fiancés de l’hiver se profilait comme l’option idéale… J’ai craqué! Et dans tous les sens du terme puisque j’ai finalement été séduite par ce livre.

SI VOUS NE LE CONNAISSEZ PAS…

… Je vous le résume brièvement. Dans un monde où la Terre a été brisée en morceaux par un Dieu capricieux, les humains vivent sur des Arches, des parcelles de planète séparées par des immensités vides. Chaque Arche a développé sa propre culture, et ceux qui y vivent disposent de pouvoirs particuliers. Ophélie, l’héroïne, est une liseuse. Il lui suffit d’effleurer un objet pour connaître son histoire et percevoir les émotions de tous ceux qui l’ont touché. Plus rare, elle traverse les miroirs et se déplace de l’un à l’autre – d’où le titre de la trilogie dont Les Fiancés de l’hiver constitue le premier chapitre: La Passe-Miroir. Sa vie s’écoule paisiblement jusqu’au jour où les autorités suprêmes arrangent pour elle un mariage extraordinaire: elle va devoir se rendre au Pôle, une Arche lointaine et glaciale, pour y épouser un parfait inconnu…

Couverture des Fiancés de l'hiver par Christelle Dabos

UN UNIVERS ORIGINAL

Ce que j’ai probablement préféré dans ce roman, c’est son inventivité. Le monde créé par Christelle Dabos est parfaitement cohérent et ne ressemble à aucun autre. Tout d’abord, on est loin des décors pseudo-médiévaux caractéristiques d’une bonne partie de la fantasy. Le récit ne s’inscrit pas dans une époque spécifique, mais emprunte des traits à différentes périodes historiques qui nous sont familières. Ainsi, si les us et coutumes font penser à ceux en vigueur à la cour du Roi Soleil, les personnages se déplacent aussi en dirigeable et se téléphonent occasionnellement.

Les lieux, eux, possèdent des personnalités propres qui rejaillissent sur leurs habitants. Anima, Arche verdoyante à l’atmosphère familiale et bon enfant, est occupée par des gens simples. Au Pôle s’opposent une nature sauvage et une ville où règne l’artifice. L’espace y est flexible, le jour et la nuit des notions abstraites; le réel et l’illusion se confondent. Ophélie comprendra vite que les courtisans qui y vivent sont plus féroces, sous leurs perruques et leurs bijoux, que les Bêtes géantes qui rôdent autour de la cité…

Les objets, enfin, n’ont rien à envier aux accessoires magiques de Harry Potter. De l’écharpe vivante aux lunettes dont la couleur s’adapte à votre état d’esprit en passant par le sablier qui vous transporte en vacances, on se délecte des trouvailles de Christelle Dabos tout au long du roman avec une seule question en tête: Mais où va-t-elle chercher tout ça?

UN RECIT INITIATIQUE SUBTIL

Deuxième point très positif du livre, son héroïne. Ophélie, c’est un peu la girl next door de la fantasy. Petite, pas spécialement jolie, réservée, enrhumée chronique, irrémédiablement mal fagotée et désespérément maladroite, elle ne comprend pas pourquoi on l’a choisie pour un mariage aux répercussions diplomatiques importantes. Mariage dont, par ailleurs, elle ne veut pas, mais qu’elle n’est pas assez téméraire pour refuser au risque de se voir bannie de son Arche.

Je dois dire qu’au départ, cette histoire de mariage arrangé m’inspirait peu: je craignais un scénario à la Cendrillon où, propulsée à la Cour, la jeune femme quelconque finirait par révéler sa beauté cachée et conquérir tous les coeurs. Heureusement, Christelle Dabos est plus nuancée. Ophélie, sans être une rebelle, sait ce qu’elle veut – ou pas: en l’occurence, elle ne souhaite ni s’attacher à Thorn, son fiancé, ni lui plaire. Elle acceptera le mariage puisqu’il le faut, mais il ne sera pas consommé et ne produira pas d’héritiers. Derrière son apparente soumission, Ophélie résiste discrètement au destin que d’autres ont planifié pour elle. Ce qu’elle fait en ne cessant d’affirmer sa différence par rapport aux autres femmes de la Cour: jamais elle ne cherche à se déguiser, à user de ses charmes ou à conspirer pour asseoir sa position. Son intelligence, sa droiture et sa franchise constituent ses meilleures armes pour préserver son indépendance et les valeurs qui lui sont chères.

En même temps, Ophélie est contrainte d’évoluer pour survivre dans cet environnement totalement différent de celui dans lequel elle a grandi. Au début du roman, elle vit pour ainsi dire recluse dans le musée où elle travaille. Ses antiquités constituent sa seule passion. Mais pour déjouer les manigances des courtisans, elle va devoir sortir de sa coquille et s’intéresser enfin à ses semblables. Pour découvrir leurs lâchetés et leurs trahisons, mais aussi le pouvoir de la confiance et de l’amitié. Grandir tout en restant fidèle à elle-même, c’est l’enjeu de ses premiers mois au Pôle.

UN PETIT GRAIN DE FOLIE

J’ai beaucoup apprécié la légère touche d’humour qui parcourt ce roman. La maladresse d’Ophélie et son rhume constant garantissent qu’on ne tombera pas dans le pathos: il suffit qu’elle casse une tasse ou parle du nez pour que l’atmosphère s’allège d’un coup… Sans compter les personnages secondaires et objets animés qui fournissent leur compte de situations cocasses.

EN PLUS, IL Y A DEUX AUTRES TOMES!

Les Fiancés de l’hiver possède un dernier atout non négligeable à mes yeux: c’est le premier tome d’une trilogie! Pour moi qui ai du mal à me séparer des personnages que j’ai aimés, c’est l’assurance de les retrouver pour deux autres épisodes qui occuperont délicieusement mon temps libre.

Et vous, faites-vous aussi partie des nombreux lecteurs emballés par cette saga?

Les Fiancés de l’hiver, Christelle Dabos. Gallimard Jeunesse, 2013.

 

21 thoughts on “Pourquoi j’ai aimé « Les Fiancés de l’hiver » de Christelle Dabos”

  1. Tout comme toi j’ai adoré Les fiancés de l’hiver et le tome 2 a été un vrai coup de cœur. L’univers qu’a créé Christelle Dabos est réellement très riche et bien développé et j’adore Thorn et Ophélie. Je crois d’ailleurs qu’il s’agit d’une quadrilogie et non d’une trilogie 🙂

    1. Ah bon? Quelle bonne nouvelle:-) Je n’ai encore pas lu le tome 2, j’attends la sortie en poche (patience…) mais j’ai souvent entendu qu’il était mieux que le premier! Je me réjouis d’avance!

  2. Ce livre est mon plus gros coup de coeur depuis … des années et des années ! Et du coup, lire ton article m’a donné envie de me replonger dans les deux premiers tomes haha ! Je suis d’accord avec tous les points que tu as cité, mais je rajouterai que le personnage de Thorn m’a fait complètement craquer : enfin un personnage (presque) principal masculin qui n’est pas beau/rebelle mais gentil au fond/drôle etc dans un livre initialement destiné à la jeunesse, ça fait du bien !

    1. Tu as raison, c’est vrai qu’il va aussi à l’encontre des clichés du genre… Après, j’espère quand même qu’il va arriver à se détendre un peu par la suite, parce qu’en tout cas dans le tome 1… Il ne respire pas la joie de vivre, disons:-)

    1. C’est vrai qu’il y a quelques longueurs, surtout au début. Perso ça ne m’a pas dérangée, j’aime bien prendre le temps de connaître les personnages et l’univers plus en profondeur…

      1. Moi aussi dans l’absolu, mais là je trouve que l’intrigue ne décolle jamais vraiment, ça m’a dérouté. Et même l’univers lui-même n’est pas vraiment décrit (alors qu’il y avait un vrai potentiel), ou plutôt ce ne sont pas les bonnes choses qui sont décrites (à mes yeux du moins). Bref, je n’ai pas accroché.

        1. Tiens, c’est drôle, je n’ai pas eu cette sensation du tout… Qu’est-ce que tu aurais aimé voir plus décrit?

          1. L’univers en lui-même (la Citacielle). Au lieu de ça, l’auteure nous parle des intrigues de la cour qui m’ont plutôt barbé… En plus, certains aspects prometteurs sont très peu exploités, comme les pouvoirs de l’héroïne (lire les objets, traverser les murs aussi je crois).

          2. les miroirs:-) C’est vrai que les dons d’Ophélie jouent finalement un rôle assez périphérique dans le développement de l’intrigue… Mais peut-être que tout ça est plus approfondi dans les tomes suivants! Je ne les ai pas encore lus…

    1. L’avantage d’attendre un peu c’est que comme ça tu pourras direct enchaîner avec tous les autres tomes au lieu de devoir attendre pour connaître la suite:-)

  3. Christelle Dabos est clairement l’une des meilleures autrice française. Son imagination, sa créativité, sa plume : tout est parfait ! J’ai lu les trois tomes et pour l’instant j’ai préféré le tome 2 personnellement 🙂

    1. Moi je n’ai pas encore lu les tomes suivants, comme ça j’ai tout le plaisir devant moi:-) Je pense attendre leur sortie en poche. Mais effectivement j’ai beaucoup entendu qu’ils étaient encore meilleurs que le premier… Je suis impatiente!

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