Lucy, quatorze ans, grandit dans une petite ville du Montana « coincée dans les années 50 », selon sa mère. Une vie rythmée par les départs et les retours d’un père adoré, retenu loin de la maison par son travail la majeure partie de l’année, et les acrobaties au parc de jeux avec son meilleur ami Kenny. Mais l’adolescence va bouleverser cette routine rassurante…

De gamine maigrichonne à jeune fille séduisante, d’écolière insignifiante à élève la plus cool du lycée, il suffit de quelques mois pour jeter Lucy hors de l’enfance. Un basculement dont l’impact sur ses relations avec son entourage sera considérable. Sa découverte de l’amour et de la sexualité se double en effet d’une douloureuse prise de conscience quant aux réalités du mariage de ses parents.

Lucy in the Sky de Pete Fromm

On sympathise forcément avec Lucy, tiraillée qu’elle est entre deux versions d’elle-même: la femme en devenir, en proie à des désirs qu’elle ne maîtrise pas; et le garçon manqué auquel elle s’accroche désespérément. Sa révolte face au regard neuf que les autres portent sur elle la distingue de ces personnages d’adolescentes qui n’ont d’autre objectif que de plaire. J’ai aussi admiré son caractère affirmé, sa lucidité et sa débrouillardise.

Pourtant, Lucy m’a par moments profondément agacée. Lors de nombreux passages, je me suis surprise à prendre le parti de sa mère et à la trouver puérile avec sa vision du monde en noir et blanc. La phrase « Mais bon sang, quand est-ce que tu vas ouvrir les yeux et arrêter d’idolâtrer ton abruti de père » m’est venue à l’esprit plus d’une fois. Au contraire, j’ai ressenti de l’empathie pour sa mère, cette femme qui s’agrippe à ce qui lui reste de beauté et panique en voyant filer une vie qu’elle n’a pas vraiment vécue. Question d’âge, peut-être…

J’ai aussi été un peu surprise car Pete Fromm étant connu en tant qu’auteur de nature writing, je m’attendais à ce que la nature tienne une place importante dans le récit, ce qui n’est en fait pas le cas.

En bref, une lecture agréable mais pas inoubliable; je salue toutefois la performance de l’auteur qui se glisse dans la peau d’une adolescente avec beaucoup de justesse.

Lucy in the Sky, Pete Fromm. Traduit de l’anglais (américain) par Laurent Bury. Editions Gallmeister, 2017, 428 p.

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Le film qui en a été tiré en 2013: As Cool as I Am (selon le titre original du roman, que je trouve d’ailleurs mieux choisi que le titre français), avec Claire Danes.

 

6 thoughts on “Lucy in the Sky, l’adolescence selon Pete Fromm”

  1. Hello,
    Je te remercie pour cette chronique, c’est la première que je lis au sujet de ce roman qui fait partie de ma wishlist depuis quelques semaines. Je pense l’acquérir d’ici peu de temps pour me plonger dans cette histoire ou ce portrait intriguant.
    À bientôt.

  2. En effet, en voyant que c’est un livre de Pete Fromm, je m’attendais à autre chose en lisant ta chronique, aha. Je n’ai pas lu cet auteur mais je le connais de réputation.

    Pour Lucy, sa vision en noir et blanc de la vie est très typique de l’adolescence, nous aussi, on a été comme ça. 😀 En tout cas, ça a l’air intéressant, mais je ne sais pas jusqu’à quel point me concernant… Pas tellement le genre de récits que je lis.

    1. C’est clair, d’ailleurs je me suis dit que si j’avais lu ce livre plus jeune je l’aurais sûrement perçu très différemment.

      En effet je ne sais pas trop si ça te plairait… Pour ma part si je lis autre chose de Pete Fromm ce sera probablement Indian Creek qui apparemment est beaucoup plus ancré dans le nature writing!

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