Sokcho. Une petite ville portuaire de Corée du Sud. En été, la cohue des touristes venus pour les plages. En hiver, le froid, la grisaille, la mer qui appartient aux bateaux de pêche. L’ennui pour la narratrice, jeune employée d’une pension qui a vu des jours meilleurs. Jusqu’à l’arrivée de Kerrand, un auteur de BD français qui réveille la part d’inconnu en elle. Celle qui rêve d’ailleurs, d’un autre chose indéfini, vague et lointain comme le père inconnu qui a séduit sa mère avant de repartir pour la France…
Sokcho, un espace liminal entre mer et terre, Corée du Sud et du Nord, présence et absence où deux solitudes insatisfaites se croisent, s’effleurent, se rapprochent et se fuient, comme en apesanteur.
Comme à Sokcho en hiver, il ne se passe pas grand-chose dans ce récit minimaliste. Une conversation, une scène, une phrase suffisent pour esquisser la guerre larvée avec le Nord, l’obsession de la beauté, l’étouffante affection maternelle, le dégoût d’un corps, la fascination pour l’étranger qui porte avec lui le souvenir de la Normandie, l’incompréhension de l’autre ou la quête sans fin du trait parfait. L’écriture est à la fois d’une extrême sobriété et d’une poésie puissamment évocatrice, notamment dans la description des dessins de Kerrand. Roman du moins plutôt que du trop, du creux et du banal de la basse saison, Hiver à Sokcho déploie images et émotions sans figures de style alambiquées ni grandes explications, tout en économie et en subtilité.
– Ce qui sculpte une image, c’est la lumière.
En regardant bien, je me suis rendu compte qu’au lieu de l’encre, je ne voyais que l’espace blanc entre deux traits, l’espace de la lumière absorbée par le papier, et la neige éclatait, réelle presque. Comme un idéogramme.
Une jolie découverte que je recommande sans hésiter!
Hiver à Sokcho, Elisa Shua Dusapin. Editions Zoé, 2016. 146 p. dans la collection Folio.
A lire si: vous appréciez les récits où l’ambiance et les sensations comptent plus que les événements.
A fuir si: vous cherchez une intrigue à rebondissements.
Coucou !
Pour moi aussi, cette lecture a été une très belle découverte et je l’ai lu aussi en cette fin/début d’année.
Je débute dans la blogosphère et j’ai lu ton parcours et tes bilans sur ton blog, et ça m’a rassurée de voir que ça a été aussi chronophage et prise de tête au début (je pense aux thèmes, plug-ins, widgets haha) mais une belle aventure aussi !
Au plaisir et à bientôt
Rebecca
Coucou!
Il faut dire que c’est une lecture de saison;-)
C’est vrai que ça prend du temps un blog (et ça continue, avec les mises à jour perpétuelles de WordPress et compagnie), mais ça m’a aussi énormément appris et amené de belles rencontres… Alors je te souhaite vraiment beaucoup de plaisir et de succès avec le tien! Au plaisir de te recroiser sur la blogosphère;-)
Magali
Effectivement une lecture de saison et aussi aidée par la médiatisation grâce au National Book Award reçu 😉
Merci ! c’est clair que ça nous apprend beaucoup et ça nous fait sortir de notre zone de confort ! Un beau défi !
A bientôt et bonne semaine
… et par la présence du livre opportunément placé à côté de la caisse à la librairie;-)
J’ai vu ton blog, sympa! Et je réalise que tu es aussi une compatriote… Tu m’as appris une expression valaisanne en tout cas!;-)
A bientôt!
J’ai lu ce livre dès sa sortie et j’ai adoré.
Beaucoup de douceur et de poésie. Une écriture tout en sensibilité.
Depuis, je lis tous ses livres. J’ai bien aimé son dernier » Vladivostok circus ».
Je ne l’ai pas encore lu! Mais ce retour positif me donne envie, merci du partage!