Je ne vous en ai pas parlé jusqu’à maintenant, mais j’ai lu plusieurs romans fantastiques ou fantasy cette année. Et même si je ne leur ai pas dédié de chronique distincte, souvent par manque de temps, la plupart de ces lectures étaient assez chouettes! Je vous propose donc un petit rattrapage de mes découvertes dans les genres de l’imaginaire.
Le Sang des Wolf, Blanche Montclair
Ce roman se déroule à Vienne, où d’étranges meurtres semblent impliquer des loups. De quoi éveiller des échos douloureux chez l’inspecteur chargé de l’enquête, dont le grand-père lui-même s’est retrouvé mêlé à une sinistre affaire très semblable après la Seconde Guerre Mondiale… Le récit s’attarde tantôt sur l’enquête menée par l’inspecteur Terwull, tantôt sur les notes laissées par son aïeul, tantôt sur la vie de Zoé, jeune française venue étudier dans la capitale autrichienne. Zoé et son groupe d’amis vont en effet très vite se retrouver profondément impliqués dans cette énigme qui prend ses racines loin dans le passé.
On est clairement dans le registre du fantastique avec ces loups(-garous?) mystérieux dont la vraie nature s’éclaircit peu à peu. La ville de Vienne, avec ses cimetières romantiques, constitue un décor gothique à souhait. C’est l’une des choses qui m’a attirée vers ce roman, avec la thématique du loup que je trouve moins fréquemment traitée que celle du vampire. L’intrigue est bien menée et les personnages intéressants. Zoé, notamment, apparaît comme une jeune femme encore en construction d’elle-même, qui négocie tant bien que mal le virage si difficile entre la vie étudiante et la vie d’adulte. Elle a ses forces et ses faiblesses, on sent qu’il lui manque des clés mais elle essaie d’avancer, et cela la rend attachante. L’inspecteur Terwull m’a parfois agacée avec ses tendances surprotectrices, mais j’avoue un coup de coeur certain pour Wolfgang, l’expert en loups au style… particulier.
Librinova, 2018
Une lecture distrayante et sympathique, malgré quelques longueurs. Un deuxième tome est en cours d’écriture et je le lirai certainement pour avoir le fin mot de l’histoire.
L’ Outsider, Stephen King
Coup de tonnerre à Flint City, paisible bourgade de l’Oklahoma: un jeune garçon est assassiné, son corps atrocement martyrisé. Très vite, l’inspecteur Ralph Anderson arrête un suspect: Terry Maitland, prof d’anglais et coach de baseball. La culpabilité de Terry ne semble pas faire un pli; tous les indices matériels le désignent comme l’assassin, sans doute possible. Et pourtant… Terry a un alibi en béton armé.
The Outsider commence donc comme un roman policier classique, mais cela ne surprendra sans doute personne d’apprendre qu’il bifurque plus tard vers… autre chose. King met sur pied une intrigue d’une redoutable efficacité qui progresse à bon rythme, servie comme toujours par des personnages réalistes. Les lecteurs de la trilogie Mr Mercedes verront d’ailleurs avec plaisir le retour de Holly Gibney, toujours aussi attachante dans sa bizarrerie. D’ailleurs, si vous n’avez pas lu cette trilogie mais envisagez de le faire, je vous conseille de vous y atteler avant de lire The Outsider sans quoi vous risquez de vous faire spoiler certains éléments (ne faites pas comme moi, quoi).
Le motif du double traverse tout le roman, accentué par les références à la nouvelle William Wilson d’Edgar Poe. King se pose ainsi en héritier du gothique américain et continue à explorer un thème récurrent de ses oeuvres: la face sombre de l’âme humaine et de son pays. Le double maléfique, c’est peut-être l’assassin d’enfants; mais c’est aussi sans doute ce système judiciaire qui détruit ceux qui passent entre ses mains, innocents ou coupables; cette communauté prompte à clouer au pilori un homme qu’elle tenait en haute estime; ces amis et voisins qui se détournent de la femme et des enfants de Terry au moment où ils ont le plus besoin d’aide. En bref, The Outsider tend aussi à la société américaine un miroir loin d’être flatteur.
Albin Michel, 2019
Ce roman n’est sans doute pas le plus marquant de l’auteur, mais il se lit d’une traite et pourra plaire à des lecteurs qui ne recherchent pas forcément le côté horrifique. A déconseiller toutefois aux amateurs de polar pur et dur.
La Tour sombre, Stephen King – tome 1: Le Pistolero
Là, on s’éloigne beaucoup plus de la production traditionnelle de King puisque La Tour sombre tient vraiment une place à part dans son oeuvre. Il s’agit en effet d’une saga comportant 8 tomes, à mi-chemin entre la fantasy, l’horreur, le western, la dystopie post-apo… (Oui, je sais, ça fait beaucoup de moitiés). Je dois dire qu’il ne m’est pas très facile d’en parler, vu que Le Pistolero pose plus de questions qu’il n’apporte d’informations précises sur son univers.
Résumons donc: le pistolero, c’est Roland, qui poursuit à travers le désert un mystérieux homme en noir aux pouvoirs surnaturels. Cette chasse à l’homme constitue la trame principale du roman. On découvre aussi à travers des flashbacks la jeunesse et la formation de Roland qui l’ont mené à obtenir ses armes, faisant de lui l’un des derniers pistoleros de Gilead. Des indices conduisent à supposer que l’action se déroule en fait dans une version parallèle de notre monde. Sur ce point, King nous laisse à nos hypothèses. Les motivations exactes de Roland ne sont pas non plus clairement explicitées, pas plus que celles de l’homme en noir, sa nature, ou celle de la Tour sombre qui semble toutefois être l’objet ultime de la quête de Roland.
J’ai lu, 2017
Un roman assez étrange, que j’ai trouvé par moments terriblement ennuyeux et par moments totalement fascinant. J’ai cru comprendre que le monde se divise en deux camps: les adorateurs de La Tour sombre et ceux dont il est tombé des mains. Ayant terminé ce premier tome sur une note plutôt positive, je me dis que je suis peut-être apte à entrer dans la catégorie numéro un et je vais donc probablement essayer de lire le deuxième tome en espérant le trouver un peu moins déstabilisant.
Magie Ex-Libris, Jim C. Hines – tome 1: Le Bibliomancien
Qu’est-ce que la bibliomancie? Une forme de magie qui permet à ses pratiquants d’extraire de n’importe quel livre des objets ou des créatures de son choix. Les gardiens, dont fait partie Isaac, s’en servent pour maintenir l’ordre dans le monde, notamment en contenant les activités des vampires dans des limites acceptables.
Ce pitch ne pouvait que me séduire, comme vous devez vous en douter. Et je dois dire que le roman tient totalement ses promesses sur certains plans. L’intrigue construite autour de la bibliomancie et de son inventeur – Gutenberg, tiens donc – est ingénieuse, et j’ai adoré découvrir comment les livres sont utilisés. Certains deviennent de véritables armes grâce aux artefacts qu’ils contiennent, alors que d’autres sont interdits. Par exemple les livres mentionnant des virus susceptibles de décimer l’humanité sont censurés en raison des dégâts qu’ils pourraient causer.
Malheureusement, certaines choses ont un peu coincé. Des incohérences dans les règles de la bibliomancie, d’abord: je n’ai toujours pas compris comment des vampires peuvent être nés au fil de la publication de romans sur le sujet, alors qu’il est par ailleurs impossible d’extraire d’un livre un objet dont la taille dépasse largement celle de l’ouvrage, ou un personnage sous peine de rendre celui-ci fou. Un accent trop mis sur l’action au détriment des personnages, ensuite. Il y a beaucoup de rebondissements, c’est distrayant, mais au final je dois dire que je me sentais assez peu concernée par le sort des héros car leur psychologie n’était pas assez fouillée à mon goût. La goutte qui a fait déborder le vase, c’était le personnage féminin à travers lequel l’auteur semble vouloir critiquer le sexisme parfois présent dans la littérature tout en tombant, à mon sens, exactement dans le travers qu’il dénonce.
L’Atalante, 2016
Je n’ai malheureusement pas été suffisamment convaincue par ce premier tome pour avoir envie de lire la suite.
Le Sorceleur, Andrzej Sapkowski – tome 1: Le Dernier voeu
J’expliquais récemment en présentant ma PAL que j’hésitais à lire ce livre avant la sortie de la série dérivée sur Netflix. Je m’y suis finalement décidée après avoir découvert grâce à Lorhkan que les réécritures de contes y jouaient un rôle important.
Le Dernier voeu est en fait un recueil de nouvelles comportant plusieurs histoires enchâssées dans un récit plus vaste. Toutes se déroulent dans le même univers de type médiéval et se concentrent sur Geralt de Riv, sorceleur de son état. Comme tous ses semblables, il gagne sa vie en chassant les monstres grâce à sa maîtrise de la magie et à des pouvoirs surhumains découlant d’un entraînement particulier qui provoque des mutations chez les apprentis sorceleurs.
Les aventures de Geralt peuvent se lire comme des variations sur le thème de contes bien connus comme La Belle au Bois dormant, Blanche-Neige ou La Belle et la Bête. J’ai particulièrement apprécié cet aspect du livre, parce que ce sujet m’intéresse mais aussi parce que les réécritures sont toujours surprenantes et subtiles. Autre point fort, une absence de manichéisme toujours bienvenue. Geralt ne sauve pas la veuve et l’orphelin sans salaire assuré et n’est pas à l’abri de se tromper, voire de faire des compromis délicats avec la morale. Les autres protagonistes sont pareillement nuancés, et les apparences s’avèrent très souvent trompeuses. J‘ai eu plus de mal à adhérer au style – problème peut-être lié à la traduction – et à certains passages qui virent au burlesque.
Milady, 2011
J’ai trouvé ce premier tome plutôt prometteur et j’envisage de me plonger dans le second (un recueil de nouvelles aussi, avant de passer à des romans) si j’y arrive avant la fameuse série.
PETITE INFO SUR LES COUVERTURES…
J’ai lu pratiquement tous ces livres en numérique, et en anglais pour King et Hines. Je vous ai indiqué les titres et les maisons d’édition qui les ont publiés en français car je suppose que c’est ce qui a le plus de chance de vous intéresser. Par contre ne vous étonnez pas, les couvertures que j’ai choisies comme illustrations ne correspondent pas systématiquement aux éditions citées ici. Ce sont aussi parfois celles de l’édition en VO que j’ai lue, ou juste… celle que j’ai trouvée.
Je me rends compte en terminant cet article que j’ai pas mal de lecture en perspective rien qu’avec les suites des sagas que j’ai commencées! En avez-vous lu certaines? Est-ce que ces livres vous intéressent?
Coucou, il est possible que le Sang des wolf m’intéresse. Je ne connaissais pas la bibliomancie, enfin j’en ai eu un bref aperçu dans la série Andrew Bennett sur Youtube mais je n’avais pas compris le principe. Merci de m’avoir éclairé. 🙂 Bonne journée/soirée.
Tant mieux si je t’ai éclairée, cela dit je ne connais pas cette série alors il est possible que la bibliomancie dont elle parle ne soit pas du tout la même que celle du livre! Bonne journée à toi aussi:-)
Dans la série, la bibliomancie est très peu utilisée à cause du format vidéo. Mais peut-être que le roman est plus clair à ce sujet. C’est « Le calendrier d’avant la fin des temps », roman écrit par Superflame (un youtubeur faisant du doublage). Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire son roman mais la série sur sa chaîne a été très appréciée. 🙂
Ah ok! Merci pour l’info!