Moon Palace est arrivé à moi au hasard d’une chaîne sur Facebook. J’étais supposée envoyer un livre à une personne inconnue et en recevoir d’autres inconnus, à chaque fois des amis d’amis. C’est ainsi qu’un beau jour, j’ai trouvé ce roman dans ma boîte aux lettres. Une bonne surprise, puisque je n’avais jamais rien lu de Paul Auster, pourtant l’un des grands auteurs américains contemporains.
Moon Palace, c’est donc l’histoire de Marco Stanley Fogg. Marco comme Marco Polo, Stanley comme Henry Morton Stanley, célèbre journaliste et explorateur qui sillonna l’Afrique au 19e siècle, Fogg comme Phileas Fogg, héros du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Un personnage à l’ADN voyageur, que l’on s’attend à voir s’embarquer pour de multiples aventures dès son diplôme en poche. Mais Paul Auster déjoue nos attentes: M.S. (parce que ça fait plus classe de se faire appeler par ses initiales) ne quittera pratiquement pas New York.
UN VOYAGE VERS L’ÂGE ADULTE
On suit le jeune homme alors qu’il termine ses études universitaires à la toute fin des années 60, le spectre de la guerre du Vietnam d’un côté, celui de la pauvreté de l’autre. On assiste à sa dérive alors que ses économies fondent et qu’il ne parvient plus à nouer les deux bouts, à sa découverte de l’amour, puis à sa rencontre avec un exécrable vieillard et un professeur d’histoire excentrique. Pas d’intrigue à proprement parler, peu de rebondissements. La véritable histoire du roman ne se trouve pas tant dans ce qui arrive à M.S. que dans les récits que lui font les personnages hauts en couleur dont il croise la route. Autant de narrations véridiques ou fantasmées qui s’imbriquent les unes dans les autres et entraînent le héros comme le lecteur sur les traces d’un peintre ou à la recherche d’une tribu indienne dans les déserts de l’Utah.
Au tour du monde en ballon, Paul Auster substitue donc des voyages imaginaires, intérieurs, dont les mots et les images sont les véhicules privilégiés. Avec en fil rouge les relations difficiles entre des fils solitaires et des pères absents ou disparus, les jeux du hasard et des coïncidences, et bien sûr la lune omniprésente. Le tout forme un beau récit initiatique, qui marque le passage de son héros à l’âge adulte.
UN OUEST QUI FASCINE
J’ai été particulièrement séduite par l’écriture de Paul Auster. Il s’y entend à merveille pour faire naître des images immédiatement évocatrices, grâce à des phrases aussi riches que précises. Ses descriptions de l’Ouest américain, surtout, m’ont marquée. Etonnamment, ces pages m’ont donné envie de découvrir ces paysages, alors que je n’avais jamais été spécialement attirée par cette région… qu’il décrit d’ailleurs sans le glamour des brochures touristiques! Canyons labyrinthiques, déserts arides où l’on peut encore tomber sur les ossements d’une expédition décimée par la soif, grands espaces oppressants, mais aussi couleurs comme il n’en existe nulle part ailleurs…. Côté négatif, quelques longueurs, et un personnage principal auquel je ne me suis pas vraiment attachée. J’ai probablement eu du mal à m’identifier à M.S., dont la passivité m’a parfois agacée.
Et vous, avez-vous déjà lu des livres de Paul Auster? Lesquels avez-vous aimés?
Moon Palace, Paul Auster. Trad. Christine Le Boeuf. Actes Sud, 1990. 468 p.
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