Eh non, je ne vous ai pas parlé de tous les livres lus au cours de cette année et demie d’existence du blog. Il faut dire qu’au départ, sa raison d’être était de partager des coups de coeur. C’est mon côté gentille fille: j’ai plus de plaisir à vous expliquer de long en large pourquoi tel ou tel livre est une merveille qu’à essayer de trouver des choses intéressantes à dire sur un bouquin qui n’en contient guère, ou à critiquer un roman que je n’ai pas aimé.  Sans compter les « aussitôt refermé, aussitôt oublié » auxquels je ne tiens pas à consacrer des heures précieuses.

Et puis en fréquentant la blogosphère, je me suis rendu compte que j’appréciais aussi de voir des avis négatifs, et que certains d’entre eux m’avaient probablement évité des déceptions… tandis que d’autres m’ont plutôt encouragée à me lancer dans une lecture. J’avoue, quand je vois des critiques du style « trop complexe, j’ai eu du mal à m’y retrouver », je me dis souvent « tiens, voilà un livre pour moi »! Oui, j’aime bien quand c’est compliqué.

J’ai donc décidé de vous proposer, de temps à autre, un petit « rattrapage » des oeuvres auxquelles je n’ai pas eu envie d’offrir une vraie chronique. Qui sait, cela pourrait vous épargner une mauvaise expérience… Ou alors, peut-être que ce qui m’aura déplu dans un roman sera exactement ce qui vous attirera vers lui! Voilà donc, sans aucun ordre, quelques-uns de ces pauvres oubliés.

LE DEMI-MONDE, Rod Rees

Couverture de Le Demi-Monde par Rod ReesSi ce titre vous dit quelque chose, c’est que je l’ai déjà mentionné ici: il s’agit du roman reçu avec la Kube au printemps dernier. Le Demi-Monde, c’est aussi le nom d’un jeu vidéo immersif conçu pour entraîner les soldats au combat, et dans lequel la fille du président des Etats-Unis se retrouve prise au piège. Pour créer un maximum de chaos, les concepteurs du jeu y ont introduit les avatars de quelques-uns des plus grands criminels, dictateurs et bourreaux de l’Histoire, toutes époques confondues: pensez Torquemada, Robespierre, Aleister Crowley… Ces joyeux lurons sont convaincus de leur propre statut d’êtres humains de chair et d’os, ainsi que de la réalité de leur univers… victorien. Pourquoi cette période? Mystère. Ils s’y livrent en tout cas gaiement à de multiples guerres de religion. Ah, et aussi, j’oubliais: ils boivent du sang. Vous êtes perdus? C’est tout le problème de ce roman, dont l’auteur n’a pas su canaliser sa créativité. Alors que l’idée de base aurait pu donner lieu à des réflexions intéressantes, par exemple sur les relations que peuvent nouer les êtres humains introduits dans le jeu avec les personnages de celui-ci, on se retrouve dans un patchwork d’éléments variés où l’action prime sur tout le reste, à grands renforts d’invraisemblances. J’ai terminé le livre car malgré tout le suspense est prenant, mais je ne compte pas lire les tomes suivants.

PERSONA, Erik Axl Sund

Couverture de Persona par Erik Axl SundDans la grande famille des thrillers nordiques, un genre que par ailleurs je lis peu, celui-ci m’inspirait particulièrement car il semblait vouloir plonger dans les tréfonds de l’âme humaine avec ses deux héroïnes, une psychothérapeute et une détective. J’y ai bien trouvé des aspects intéressants, comme les références à la tragédie des enfants-soldats de Sierra Leone ou à la traite d’êtres humains, et les questionnements sociaux qu’elles soulèvent. Mais le traitement de ces points reste trop superficiel à mon goût, de même que les personnages qui manquent de consistance. Un comble pour un roman qui puise sa source dans la notion de personnalité! Quant au ressort principal de l’intrigue, qui constitue aussi la clé du mystère, il n’a franchement rien d’innovant. De plus il est amené avec de gros sabots, si bien que j’avais deviné le fin mot de l’histoire avant la moitié du livre… Je l’ai quand même terminé (on ne sait jamais, j’aurais pu me tromper, et puis il fallait bien voir si la police allait aussi comprendre, hein). Par contre, je n’ai pas lu les deux tomes suivants, j’ai d’ailleurs du mal à voir comment l’histoire peut encore évoluer pour constituer une trilogie.

CALIFORNIA GIRLS, Simon Liberati

Couverture de California Girls par Simon LiberatiSouvenez-vous de la rentrée littéraire 2016: deux romans abordaient le même thème, la secte de Charles Manson et tout particulièrement ses membres féminines. Il y avait The Girls de l’Américaine Emma Cline, et California Girls du Français Simon Liberati. Le hasard m’a mis le second entre les mains d’abord. Une lecture que j’ai menée jusqu’au bout sans vraiment l’apprécier, dérangée par l’absence de distance dans la narration qui suit les traces d’une bande de jeunes paumés au cours des derniers jours précédant les meurtres commis par la secte à l’été 1969. Non pas que je sois une âme sensible, même si les pages relatant les assassinats eux-mêmes peuvent choquer; mais parce qu’à mes yeux, l’intérêt d’un tel ouvrage aurait justement été de mettre ces événements en perspective, d’apporter un éclairage sur des actes a priori incompréhensibles. C’est ce qu’a su faire Lola Lafon, par exemple, qui a pris l’enlèvement de Patty Hearst comme matière première pour Mercy Mary Patty, mais en adoptant le point de vue d’une chercheuse sur l’affaire.

Au final, j’ai donc ressenti une certaine frustration de voir ce roman s’arrêter juste après les crimes, là où les choses intéressantes commençaient selon moi. California Girls n’est pas un mauvais livre, mais il y avait incompatibilité entre le projet de l’auteur et mes attentes. Un de ces jours, il faudra que je lise The Girls…

NUMÉRO ZÉRO, Umberto Eco

Couverture de Numéro Zéro par Umberto EcoMa première rencontre avec Umberto Eco, c’était Le Nom de la Rose. J’ai succombé à son charme immédiatement. Et depuis, j’essaie de temps à autre de renouveler la magie avec un autre de ses romans, mais je dois avouer que ces tentatives ont rarement été couronnées de succès. Celle-ci ne fait pas exception. Ce tout petit bouquin paraissait pourtant alléchant, avec son histoire de journalistes qui créent un faux numéro de magazine d’après des événements passés. Je me suis lancée de bon coeur dans ce qui s’annonçait comme une critique décapante des médias. Malheur: l’intrigue m’est apparue opaque et les personnages au mieux sans intérêt, au pire imbuvables. Ennui. Ce livre m’est tombé des mains, le premier abandon depuis un certain temps. Je vais vraiment commencer à croire qu’Umberto Eco et moi, c’était une histoire d’un livre.

Avez-vous lu certains de ces romans? Si oui, qu’en avez-vous pensé?

Photo à la une: Photo on Visualhunt

6 thoughts on “Ces chroniques auxquelles vous avez échappé”

  1. Tu as bien raison de parler de tes lectures décevantes. Tous les avis sont bons à prendre du moment qu’ils sont justifiés !
    J’ai eu une mauvaise expérience avec Umberto Eco et Le nom de la rose que j’ai abandonné… Je l’ai trouvé beaucoup trop indigeste.
    Pourtant, j’ai adoré le film !

    1. Ah oui le film aussi est super! J’ai commencé par le livre et c’était peut-être mieux, sinon je n’aurais pas forcément eu la patience non plus. C’est vrai qu’il fourmille de références…

  2. Moi aussi, j’aime bien les critiques négatives, du moment qu’elles sont argumentées. Ça peut même me donner envie de lire le livre quand même, si les aspects soulevés dans l’article ne me gênent pas. D’ailleurs, dans ta liste, il y a California Girls qu’on m’a offert mais que je n’ai toujours pas lu… Un jour peut-être ?…

  3. J’avais bien aimé le Cimetière de Prague de Eco (que j’ai mis des plombes à lire parce que j’ai voulu le commencer en italien, et que c’était hardcore, et du coup j’ai bifurqué en français, mais c’était quand même un peu opaque) et j’ai acheté un peu au bol l’île du jour d’avant (aussi en italien, décidément) mais j’avoue que je le redoute un peu… On verra bien !

    1. Je vais peut-être essayer le Cimetière de Prague, alors! En italien, c’est courageux! Déjà que comme tu dis, en français ce n’est pas tout simple…

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