Thriller à l’américaine, vraiment? Oui, parce que ce polar de Marc Voltenauer ressemble parfois furieusement à un épisode de la série Esprits Criminels, avec ses crimes aussi spectaculaires que révélateurs des obsessions d’un esprit plus que tourmenté. Imaginez un peu: un cadavre nu, poignardé, les yeux manquants, découvert sur la table de communion d’une petite église villageoise… Un meurtrier érudit qui communique avec la police par le biais de psaumes… Un inspecteur charismatique, cultivé et fin connaisseur de la Bible (l’auteur, diplômé en théologie, rentabilise ses études avec brio).
Et pourtant, on est bien loin de la patrie des tueurs en série en tous genres, j’ai nommé les Etats-Unis. L’action prend place à Gryon, bucolique bourgade des Alpes vaudoises, où rien en apparence ne vient troubler la paix des vaches et des retraités. Au fil de l’enquête, on s’aperçoit néanmoins que le charme un peu kitsch des chalets dissimule de bien sombres secrets… Magouilles immobilières, chantage, et peut-être pire encore. Et si la clé du mystère se trouvait dans le passé de la petite localité?
UNE BELLE INTRODUCTION AU POLAR ROMAND
J’ai acheté Le Dragon du Muveran après avoir assisté à une table ronde à laquelle participait Marc Voltenauer lors du Festival du polar Lausan’noir, et je ne regrette pas de m’être laissée tenter! Comme je vous le disais dans mon article sur Lausan’noir, je n’ai pas l’habitude de lire des polars locaux, bien que le genre soit florissant en Suisse romande. J’ai donc trouvé à la fois amusant et un peu déstabilisant de me plonger dans un roman aussi ancré dans ma région. Les noms de famille et de lieux m’étaient presque étrangement familiers, de même que certaines références culturelles comme les journaux. Sans compter la petite tournure typiquement helvétique ici ou là, le « ça joue! » glissé dans un dialogue, qui fait qu’on se sent à la maison!
Je n’ai donc eu aucune peine à me représenter les lieux et le quotidien du petit village de montagne, tant le décor m’a rappelé les randonnées du dimanche avec fondue à la clé. Le décalage entre la tranquillité apparente de Gryon et la violence des événements qui s’y déroulent ne m’en a paru que plus grand, de quoi augmenter encore mon envie de connaître le fin mot de l’histoire! Et je dois dire que le suspense était au rendez-vous, entre autres grâce à une structure narrative qui alterne les faits se déroulant actuellement à Gryon et des flashbacks dans le passé d’un mystérieux personnage.
J’ai toutefois eu un peu de mal à m’attacher à l’inspecteur Andreas Auer, trop arrogant pour m’être toujours sympathique, et à ses équipiers, dont les personnalités manquent un peu de nuances à mon goût. Pas de quoi porter préjudice à mon intérêt pour la résolution de l’énigme, tout de même! J’ai par contre regretté un dénouement un peu trop rapide, avec un enchaînement de révélations qui nuit légèrement à la crédibilité de l’enquête.
Le Dragon du Muveran n’en reste pas moins un polar diablement efficace, que j’ai eu du mal à reposer et d’ailleurs lu très vite… Si vous aussi ce titre énigmatique vous intrigue, n’hésitez pas à vous lancer!
Alors, ça vous tente? Ou aimeriez-vous lire d’autres polars suisses?
Le Dragon du Muveran, Marc Voltenauer. Editions Plaisir de Lire, 2016.
SI CE LIVRE VOUS INTERESSE, VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE AUSSI…
Les Rivières pourpres, de Jean-Christophe Grangé. Un décor alpestre, des meurtres dont la cruauté n’a d’égale que la froideur des glaciers, un tandem de flics original, le tout servi par la plume nerveuse de l’as du thriller français. Tiens, j’aurais bien envie de le relire…
Un bon souvenir de lecture!
Ce qui m’a aussi fait sourire dans « Le Dragon du Muveran », c’est qu’Andreas Auer est également le nom d’un professeur de droit renommé en Suisse…
Tiens, ça ne je savais pas! Du coup, je ne peux pas m’empêcher de demander si c’est volontaire…
Je vois à l’instant que vous êtes en train de lire « Qui a tué Heidi? »… Vous aussi!?
Ahah! Je viens de le finir! Vous êtes dedans aussi?
Terminé hier! Avez-vous aimé?
Après un court passage chez Damien Murith, je suis à présent dans le dernier Jean-Michel Olivier, qui est plutôt féroce…
Oui, j’ai trouvé que le suspense était bien ménagé jusqu’à la fin! En tout cas pour ma part je n’avais pas réussi à trancher entre les coupables possibles…
Je ne connais pas Jean-Michel Olivier, un auteur de thrillers également?
Jean-Michel Olivier n’est pas un auteur de thrillers, plutôt un écrivain de littérature générale. J’en apprécie l’ironie; de lui, il vaut la peine de découvrir par exemple « La vie mécène », qui décape certains aspects de la vie genevoise. Et il blogue aussi: http://jmolivier.blog.tdg.ch/ !
Oups. Je viens de dévoiler mon ignorance en matière d’écrivains romands… Je vais aller voir son blog pour me faire une idée!
Je vous en souhaite une excellente découverte! 🙂